Comme la terre est ronde, il est entendu qu’il n’existe aucune date de péremption pour la sexualité masculine. Pourquoi ? Quand les femmes, à peine âgées d’une quarantaine d’années et encore tout à fait désirables, commencent à se cacher, à s’excuser de se flétrir et se retirent gentiment du jeu/je de la séduction, des bataillons de vieillards continuent de séduire et de tenter leur chance… Il est assez déroutant de les regarder faire… Fripés, ridés, dégoulinant de peau sans plus d’élasticité, ils portent toujours des chemises outrageusement ouvertes au col aux terrasses des cafés. Ils lancent des sourires tout plein de dentiers bon marché. Ils présentent des calvities en soulevant doucement des chapeaux coupablement complices. Les paupières tombantes, les mains tâchées de la terre qui rappelle et la prostate en vrac, ils ne voient rien là qui les empêche d’être encore séduisants. Ils ont toujours vingt ans ! De ceux-là, de ceux qui ne renoncent pas – inaccessibles à la castration –, nous entendons souvent de ces phrases incroyables en forme de réclame : « L’âge, c’est dans la tête ! Moi, je suis le même qu’il y a un demi-siècle ! » Eh bien non ! La chair est triste, hélas ! et nous passons tous de la valse à mille temps à la danse macabre. Gageons qu’il est moins mortifère d’accepter sa condition de moribond que de la refuser. Tout l’art se niche justement dans le s’arrêter-à-temps.
Bibliographie
La Mort qui fait le trottoir (Don Juan), d’Henry de Montherlant (1956)
Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, de Romain Gary (1975)
L’Ablation, de Tahar Ben Jelloun (2014)
La Valse à mille temps, chanté par Jacques Brel (1959)
Illustration
Vanité, de Philippe de Champaigne (1602-1674)
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