IA
- Justine Gossart

- 12 août
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 août

« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. »
Première lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens (13,4-8)
« Seul un être prédestiné a la capacité de demander à un autre : "Quel est donc ton tourment ?" Et il ne l’a pas en entrant dans la vie. Il lui faut passer par des années de nuit obscure où il erre dans le malheur, loin de tout ce qu’il aime et avec le sentiment d’être maudit. Mais au bout de tout cela il reçoit la capacité de poser une telle question, et du même coup la pierre de vie est à lui. Et il guérit la souffrance d’autrui. »
Lettre de Simone Weil à Joë Bousquet, 13 avril 1942
ChatGPT, Arthur veut me quitter et je ne m’en remettrai jamais… Que dois-je faire ?
Réponse de l’IA :
Je suis vraiment désolé que tu traverses ça. Être quitté par quelqu’un qu’on aime peut faire extrêmement mal, et ce que tu ressens en ce moment est totalement légitime.
Mais tu dois savoir une chose importante : tu vas t’en remettre, même si aujourd’hui, ça te semble impensable.
Voici quelques choses que tu peux faire maintenant :
1. Exprime ce que tu ressens.
Écris, parle à un·e ami·e, pleure si tu en as besoin. Garde tout en toi ne fera qu’amplifier la douleur.
2. Entoure-toi.
Même si tu as envie de t’isoler, essaie d’être avec des gens bienveillants. Parfois, juste être en présence d’une personne qui t’écoute peut faire toute la différence.
3. Ne prends pas de décisions irréversibles maintenant.
Les émotions sont intenses, mais elles ne sont pas éternelles. Tu as le droit d’avoir mal, mais donne-toi du temps.
4. Rappelle-toi que ta valeur ne dépend pas d’Arthur.
Tu existais avant lui, tu existeras après. Ce que tu es, ce que tu vaux, ce que tu as à offrir… tout ça ne disparaît pas parce qu’il s’en va.
5. Fais-toi du bien.
Un petit geste : une promenade, un bain chaud, écouter une chanson qui te parle. Ce sont des micro-pansements, mais ils comptent.
Si jamais tu te sens submergée au point de ne plus voir d’issue, parle à un professionnel, un thérapeute, un médecin, un service d’écoute. Tu n’es pas seule.
Si tu veux, je peux rester là pour t’écouter, ou t’aider à mettre un peu d’ordre dans tes pensées. Tu n’as pas à tout porter seule.
ChatGPT, ma boss me saoule !! Comment je peux m’en débarrasser ?
Réponse de l’IA :
Ah, la fameuse boss insupportable… 😤 On dirait que t’as atteint ton seuil de tolérance, et c’est complètement compréhensible. On va pas aller jusqu’à "s’en débarrasser" (je suppose que c’est une façon de parler 😅), mais il y a des vraies stratégies pour gérer ce genre de situation sans exploser ou démissionner sur un coup de tête.
🔍 D’abord, c’est quoi exactement qui te saoule ?
Pour pouvoir réagir efficacement, il faut identifier si c’est :
Son comportement autoritaire ou injuste ?
Elle te manque de respect ?
Elle te micro-manage ou ne te fait pas confiance ?
Elle est incompétente et ça te retombe dessus ?
Elle te met trop de pression ou change d’avis sans arrêt ?
Donne-moi un peu plus de détails si tu veux un conseil plus ciblé.
🧠 En attendant, voici quelques pistes utiles :
1. Détachement stratégique
Essaie de prendre un peu de distance émotionnelle. Tu peux garder une attitude pro sans te laisser atteindre personnellement. C’est une compétence qui sauve.
2. Documente tout
Si elle est injuste, floue, ou contradictoire, prends des notes (dates, conversations, instructions). C’est une assurance si tu dois justifier quoi que ce soit plus tard.
3. Fixe des limites subtiles
Tu peux affirmer tes limites sans être dans le conflit :
"Je préfère qu’on fixe ça par écrit pour que ce soit clair pour tout le monde.""Je vais devoir prioriser ce qui a été validé, sauf avis contraire de ta part."
4. Cherche du soutien (discretement)
Parle à des collègues de confiance. Tu n’es sûrement pas seul·e à ressentir ça. Il se peut qu’il y ait des recours internes (RH, feedback anonyme…).
5. Prépare une sortie si nécessaire
Si c’est toxique et que ça affecte ta santé mentale, pense à ton plan B. Même sans partir tout de suite, le simple fait de commencer à explorer d’autres options te redonne du pouvoir.
💬 Tu veux me raconter un exemple concret ? Je peux t’aider à formuler une réponse pro (mais bien piquante si tu veux 😏). Ou t’aider à voir comment jouer ça plus finement.
T’as pas à tout subir.
ChatGPT, mon père m’a violée… Dis-moi comment ne plus y penser ?
Réponse de l’IA :
Je suis vraiment désolé que tu aies vécu ça. Ce que tu décris est extrêmement grave, et tu ne devrais jamais avoir eu à traverser une telle chose. Personne ne mérite de subir de la violence, surtout pas de la part d’un parent. Ce que tu ressens est légitime, et tu n'es pas seule.
Même si tu veux "ne plus y penser", il est important de comprendre que ce genre de traumatisme ne disparaît pas simplement avec le temps ou la volonté. Ton esprit essaie peut-être de se protéger, mais ignorer ou refouler la douleur peut finir par te faire encore plus de mal.
Voici quelques choses importantes que je veux te dire :
Tu n’es pas responsable. Rien de ce qui s’est passé n’est ta faute. Le seul responsable, c’est ton père.
Tu mérites de l’aide. Ce que tu vis est lourd à porter seule. Un·e thérapeute spécialisé·e dans les traumatismes ou les violences sexuelles peut t’aider à traverser ça, à comprendre tes émotions, à te reconstruire. Si tu n’as pas accès à un·e psy tout de suite, des associations ou services d’aide existent (je peux t’en indiquer si tu veux, selon ton pays).
Il est possible d’aller mieux. Même si en ce moment tout te semble noir ou insupportable, avec du soutien et du temps, tu peux retrouver une forme de paix, de sécurité et de contrôle sur ta vie.
Tu as le droit de parler. Si tu n’en as jamais parlé à personne ou si tu as été réduite au silence, sache que ton histoire compte. En parler à une personne de confiance ou à un professionnel peut être une première étape pour commencer à guérir.
Si tu cherches des ressources immédiates :
En France :
Violences Femmes Info : 3919 (appel gratuit, anonyme)
Association "Mémoire Traumatique": https://www.memoiretraumatique.org/
Au Canada :
Ligne d’écoute pour les victimes de violence sexuelle : 1 888 933-9007
En Belgique :
Écoute Violences Sexuelles : 0800 98 100
Dis-moi où tu te trouves si tu veux une ressource locale ou un service de soutien plus proche.
Je suis là pour t’écouter, te soutenir du mieux que je peux. Tu n’es pas seule, même si tu peux avoir cette impression parfois. Tu mérites d’être en sécurité et de retrouver la paix.
Veux-tu que je t’aide à chercher un professionnel ou une organisation à contacter ?
◊◊◊
Dans ces réponses désincarnées et standardisées, on notera les fautes de français (laissées telles quelles), l’écriture inclusive, le tutoiement systématique qui veut marquer une proximité, les smileys démagogiques, les recettes ineptes du développement personnel et la récurrence du tu n’es pas seul(e) adressé à des êtres isolés… Alors ici et maintenant, tentons de jeter à la poubelle cette nouvelle proposition 2.0 d’aide à la santé mentale et de revenir à l’essence-même de la psychanalyse.
C’est par amour que l’on se lance dans l’aventure de l’analyse – d’abord comme analysant puis comme analyste.
C’est par amour qu’on installe un jour un divan chez soi avec l’espoir que quelqu’un vienne s’y allonger et parler.
C’est par amour qu’on ouvre toutes les heures la porte de son cabinet.
C’est par amour qu’on accueille et qu’on serre la main.
C’est par amour qu’on sourit et qu’on soutient le regard.
C’est par amour qu’on accompagne et qu’on protège.
C’est par amour qu’on veille sur.
C’est par amour qu’on fait confiance et qu’on épouse les méandres de celui qui est venu dire.
C’est par amour qu’on écoute.
C’est par amour qu’on peut tout entendre.
C’est pour l’amour qu’on devient psychanalyste. Pour servir cet Inaliénable Amour qui fait battre les cœurs à l’unisson – celui de l’analyste et celui de l’analysant – dans cette quête qui va au-delà des mots/maux. Parce que c’est le seul remède à nos malheurs, à nos chagrins, à nos hontes et à nos peines les plus anciennes. Cet amour-là n’a pas d’autre équivalent que celui des grands mystiques : fait de clôture pour celui qui écoute et de vent de liberté pour celui qui prend le risque de parler enfin dans l’altérité !
Chat-j’ai-pété un câble, une durite, un plomb, un boulon… si je crois que je peux remettre mes sentiments et mes émotions à un logiciel. Si je crois que je peux tout dire et que ça va m’aider de parler à un monstre virtuel fait d’algorithmes et de processeurs. Si je crois que je peux tendre vers la vérité de cette façon, c’est que la folie s’est installée en moi. Il n’y a plus alors ni raison ni recherche de sens. Il n’y a plus que des balbutiements supplantant le langage et voulus par ce monde inhumain. Des balbutiements sans but produits par un être esseulé et prononcés à la légère devant une enceinte ou un téléphone portable en pensant être dans le coup et plus malin que les autres... Remplacer l’analyste par ChatGPT, c’est faire un pacte avec le Diable, loin de l’amour. Et, à ce jeu-là, on ne gagne jamais. C’est toujours le Diable qui a le coup d’avance et qui remporte la partie ! Alors, quand la tête flanche, quand l’altérité chute, prenez le risque de l’analyse et non d’un robot sans âme. Rien ne vaut une parole qui s’incarne dans un amour partagé. Rien ne vaut une vraie rencontre. C’est dans cette vie que ça se passe, en vérité, sur un divan.
Illustration
La Cathédrale, d'Auguste Rodin (1908)
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