Au commencement, il est embryonnaire et constitué d’autres que lui. Il est invisible. Il n’a pas de contours. Il est flou. Il a besoin qu’on le laisse grandir. Il est lent. Il prend son temps. Il divague. Il se fige. Il bouge. Il attend qu’on l’alimente. Puis il fait des tentatives – ses tentatives avortent. Il se décourage. Il reprend du service. Il emprunte des chemins escarpés. Il fait des détours. Il se saisit d’une forme puis en change sans prévenir. Il est sinusoïdal. Il semble inaccessible. Il joue avec nos nerfs. Il nous tend des pièges. Il nous hante. Il nous apprend à le convoiter. Il nous fait suer et travailler. Il joue à cache-cache. Il attend que nous misions tout sur lui pour se montrer. Il apparaît sans préavis. Il disparaît. Il attaque. Il baisse la garde. Il se fait désirer. Il peut cruellement nous manquer. Il se laisse éteindre par la norme et la nécessité. Il est rendu muet par les toxiques et les billets de banque. Il boude si nous ne sommes pas au rendez-vous. Il est symbolique et tout à fait concret en même temps. Il est pensée et action. Il est facilité et labeur. Il est joie et tristesse. Il est jour et nuit. Il est de toutes les cultures et de tous les savoirs. Il est capable d’apporter l’élan et le soulagement. Il est en chacun de nous. Il est le contraire de l’argent. Il est la quête. Il nous fait tendre vers. Il est tout ce qui court après la Vérité. Il est le but jamais véritablement atteint. Il est ce pour quoi nous sommes en chemin.
Filmographie
Cet obscur objet du désir, de Luis Buñuel (1977)
Illustration
Timbres tirés de l'exposition « À mon seul désir », d'Annette Messager - Galerie Marian Goodman (09 Déc - 14 Jan 2017)
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