War-nerfs présente :
Un virus plus intelligent que les autres… Un virus capable de choisir ses victimes… Un virus qui change d’avis, préférant d’abord les vieux mais attaquant maintenant les plus jeunes… Un virus qui n’est actif que dans les bars ou après 22h s’il y a présence d’alcool… Un virus qui ne se pose sur aucun salarié au bureau mais qui sort du bois s’il y a dîner entre amis ou en famille… Un virus qui fuit les open-spaces. Un virus farouchement du côté des patrons et de l’économie de marché… Un virus qui ne prend ni le métro ni le RER… Un virus qui sort dehors uniquement de 21h à 6h du matin dans certaines villes… Un virus qui ne change pas de département pendant les vacances… Des étudiants masqués mais entassés dans des amphithéâtres bondés… Des enseignants qui ne connaissent pas le visage de leurs élèves et des élèves qui ne connaissent pas le visage de leurs enseignants… Des psys qui consultent « en ligne » … Un système de santé à l’agonie dont les médias ne parlent plus… Un corps médical à bout de souffle, des démissions d’infirmières en masse… Des primes ridiculement basses pour inciter à continuer de trimer… Des milliers de personnes qui perdent leur emploi… Des Bridgestone sur le carreau, là-haut, dans un petit coin du Nord… Des vieux qui manifestent et qui ne veulent pas porter de masque… Des salariés en télétravail pistés… Des petits commerces aux abois qui déposent le bilan et mettent la clé sous la porte… Encore et toujours des commandes sur Internet parce que c’est moins dangereux que de flâner dans les rues pour faire du lèche-vitrine… Des amendes pour qui ne cache pas son visage… La soumission collective érigée en système individuel… De nouveaux slogans au service de la division : « Respectez les gestes barrières », « Dans cette zone, le port du masque est obligatoire » … La « règle des 6 » du Président de République… La fin des haricots… Il court, il court, le virus… Et il est bien utile ! Par la peur qu’il répand comme un cancer, il nous soumet. Il détruit nos liens, notre désir, écrase nos élans, parasite notre pensée et empêche nos joies de voir le jour. Il nous fait oublier la douceur des caresses et des baisers. Il nous empêche de manger ensemble, de trinquer ensemble, de nous toucher, de rire. Il ruine toutes nos zones de réconfort et de recharge après des journées à bûcher en solitaire devant un écran de PC. Il nous donne envie de pleurer. Il nous impose une solitude morne, noire et chagrineuse. Il brise nos envies de voyage, de partage et de communion. Il empêche nos messes nécessaires au vitalisme. Nous nous désagrégeons, lentement mais sûrement, dans un désert sans sève. Accrochés à la culture – livres, films et musique – nous finirons peut-être par gagner et par trouver un moyen de changer la vie. D’ici là, le spectacle de la déconfiture continue…
Actuellement dans vos salles (de réunion) : La Vie rêvée des Pieds nickelés.
Illustration
Photographie personnelle - Avenue Simon Bolivar à Paris, 22 juillet 2020
Copyright © 2020 Justine Gossart, tous droits réservés.
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