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Je-nous




Sur les terres du Nouveau Monde, il n’y pas si longtemps, Je, policier en uniforme hors de contrôle, a tué un homme noir en posant son genou sur son cou lors d’une arrestation. Au pays merveilleux du libéralisme et de la ségrégation raciale, c’est Je qui a gagné – Nous, présent ce jour-là, en spectateur impuissant, n’a malheureusement rien pu faire. Depuis, au Nouveau Monde et partout ailleurs, les défenseurs de la juste cause de ce Nous posent un genou à terre en signe de protestation. Curieuse idée que de se saisir de ce geste meurtrier si abject… Presque aussi absurde que si l’on mimait un viol pour défendre les droits des victimes d’agressions sexuelles, ou encore un meurtre avec un pistolet pour dénoncer le danger des armes à feu. Est-ce à dire que le règne sans vergogne du Je rend confuse toute volonté de riposte du Nous ? Est-ce à dire que la prédominance du Je rend impossible toute existence du Nous digne de ce nom ?




Illustration

Narcisse, attribué au Caravage (vers 1598-1599)




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