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Mal et diction II




Oyez, oyez, braves gens ! Une fois n’est pas coutume alors nous revoilà la bourse chargée d’expressions farfelues attrapées au vol tout au long de l’an passé. Avant les grandes vacances de l’esté, écoutez donc la fable inventée :


Le Roi avait promis mondes et merveilles au notre preux chevalier qui avait si bien guerroyé. La cour avait eu beau parlé de lui en derrière, tout son courage avait plaidé en sa cause auprès du souverain. Ils avaient passé souvent du moment ensemble avant la guerre sans que jamais le Roi ne lui fit des fleurs ni ne cherche à le connaître. Avant leur première entrevue tête-à-tête, le chevalier avait décidé de prendre des choses en main pour poser ses galons et être ainsi le plus représentable possible. Il y avait une carapace derrière tout ça : il était issu d’une bourgeoisie. Il avait donc mis toutes les balles dans son camp pour qu’à la fin du compte, son Roi le remarque et le recompense. Il n’était plus un enfant de bas âge et ne voulait pas apparaître à la cour comme un cheveu dans la soupe.


Les courtisans hostiles ne savaient plus où se donner de la tête et ont tout fait pour lui couper l’herbe sous les pieds. Ils jibulaient ! Le nez dans le guidon, ils ont tout mis en œuvre pour que le chevalier soit dans l’expectatif et essaie de tenter à sa vie. Pour rester bien au chaud dans leur tour de verre, ils ont tapé le fer tant qu’il était chaud. Personne n’est venu prêté main au preux chevalier. En gros, en large et en travers, il a gaugé ses prérogatives territiriales. Sa victoire était au bout de sa main. Il a donc soigneusement emballé une tête d’oreiller brodée et du papier giénique de qualité supérieur. Il voulait que ce présent soit l’opothéose de sa rencontre avec son Roi. Sans ces précautions, ses illusions auraient été courues d’avance… Rien ne devait être rébiditoire pour le souverain.


Le bon Roi fut merveillé par ce qu’il vit et il aima le chevalier comme le chevalier l’aimait comme ça. Après une virile poignée de mains, le souverain lui dit : « Il ne fallait pas vous formuler comme ça ! Qui verra verra, mon ami ! » Enfin, il octroya à son fidèle et loyal serviteur une demeure en bord de plage : ce fut la cerise du gâteau.




Illustration

La Tour de Babel, de Pieter Brueghel l'Ancien (1563)



Copyright © 2023 Justine Gossart, tous droits réservés.

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