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Re-parer




En cette fin d’année, parons au plus pressé : ornementer nos maisons, égayer nos foyers, enguirlander nos sapins – et non plus nos prochains –, orner nos tables, chamarrer nos coussins, décorer nos portes, enjoliver et empanacher nos destins. D’aucuns pourront bien sûr louanger et louer, attendant ainsi une lumière qui descendra peut-être d’en-haut pour diaprer et auréoler leurs visages fatigués. Nous pourrons aussi nous habiller, nous pomponner, nous apprêter ; et pour nous rehausser davantage, nous arranger au mieux, se parfumer, se farder, agrémenter nos cheveux, teinter nos joues et choisir nos vêtements brodés, pailletés et colorés. Ainsi tous attifés, nous pourrons parer tranquillement à toute éventualité.


Nous avons du bol : nous voici pour un temps précieux rafistolés, colmatés, raccommodés, rapiécés, ravaudés, retapés, consolidés, rajustés, arrangés, reformés ; et même pour les plus chanceux, rabibochés. Un temps précieux durant lequel nos fissures pourront trouver parfois de quoi se combler. Nous nous parerons ainsi de nouveau pour reparaître au monde et devant ceux que nous aimons. Nous nous parerons encore et en corps pour réparer au plus profond de nos cœurs tout ce qui a été, ces derniers temps, ébréché, usé, cassé, écorné, entamé, diminué. Alors allons-y gaiement, piquons-nous de frivole et ne sous-estimons jamais le pouvoir de la parure : l’or ne ment pas !




Dans le temps du jour de l'an, chanté par La Bolduc (1930)




Illustration

Bol japonais réparé à l'or avec la technique du kintsugi (1920)




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